Par Jean-Pierre Civelli, pasteur, responsable Vitalité.

 La “mission” pose plusieurs problèmes de sens… Alors que nous pouvons expliquer des mots comme “évangile”, “alliance”, “justification” juste en ouvrant une concordance, le mot “mission” est absent du Nouveau Testament. Il correspond à un autre concept : “l’envoi” (“apostello” qui a donné le nom d’apôtre). Jésus “envoie” ses “envoyés » ! Mais il les envoie où et pour faire quoi ? Là aussi, ce n’est pas si simple…
Hommes ramant sur radeau

  • Il y a bien la grande mission de Matthieu 28 : Elle consiste clairement à « faire » des disciples mais où ? Partout ! C’est beaucoup…
  • Il y a aussi le grand commandement d’aimer son prochain comme soi-même… qui nous conduit tout droit à l’aspect social de la mission.
  • Il y a enfin l’évangile à vivre chaque jour en honorant Dieu par notre propre conduite : la mission de vivre selon la volonté de Dieu…

Vivre ensemble tous les aspects de la mission

L’église se doit d’être « saine et missionnaire » d’après Vitalité… Cela correspond à 10 critères qui mêlent l’aspect missionnaire, social et piétiste de l’église. Il ne s’agit pas de choisir mais de vivre ensemble ces trois aspects de la « mission » !

La mission pose encore la question du public visé par l’église : les chrétiens découragés ? Les non croyants qui nous entourent ou encore – et souvent – les autres pays ! Là aussi, le texte biblique nous invite à ne pas choisir : « Allez… à Jérusalem, en Samarie et jusqu’au extrémités de la terre ». La mission concerne le « ici » et le « là-bas » !

Alors ? « Missionnaire » pour les pays du sud ? « Missionnel » pour parler de l’ADN de l’église ? « Missionnal » pour parler d’une mission équivalente au près comme au loin ? Plus nous ajoutons des néologismes, moins le concept devient clair, à mon avis ! Je milite pour en rester au vocable « missionnaire » pour parler de tous ces aspects de la mission.

Aller vers nos contemporains

Je préfère – et de loin – que nous retrouvions la dimension « apostolique » de l’église. L’apostolicité de l’église ne se limite pas à sa fidélité doctrinale mais à sa fidélité stratégique : quel projet l’église met-elle en place pour atteindre systématiquement ses contemporains ? Comment résonne en nous le « quiconque » de Jean 3.16 ? Comment apporter l’évangile sans y ajouter la compassion ?

Aller vers nos contemporains, les aimer et leur donner un modèle crédible et enviable de la vie chrétienne représente la dimension apostolique de l’église… Alors, soyons missionnels, missionnaires et missionnals ou plus simplement missionnaires, aimants et cohérents ! La complexité du concept de « mission » ou « d’apostolat » doit être conservée… à mon sens.