Propos recueillis par Jeff Comba, alors pasteur à l’EEL de Cannes, publiés dans le bulletin de liaison de l’Église Evangélique Libre de Cannes n°76 (octobre/novembre 2015).

Notre Église est entrée dans une réflexion sur la vitalité de la communauté. Quelle Église sommes-nous ? Qu’est-ce que Dieu désire et attend de nous ? Ce n’est pas une question ponctuelle, elle doit être continue. Mais le dimanche 27 septembre 2015, nous avons pris un temps particulier pour lancer cette réflexion…

Pour l’occasion, Benjamin Turrillo, Pasteur à l’EEL de Marseille et membre de la Commission d’Évangélisation (CE) de notre Union d’Églises, était parmi nous pour nous présenter un parcours que l’Union propose à toutes ses Églises. Nous n’avons donc pas pu résister à l’envie d’en savoir plus, à la fois sur ce parcours Vitalité mais également sur l’implication de la CE, et donc de Benjamin.

Bonjour Benjamin, et merci pour ta participation à ce numéro. La « Vitalité » d’une Église, c’est un terme assez vague. Peux-tu nous en dire un peu plus sur ce parcours et ses fondements ?

Benjamin Turillo

Benjamin Turrillo, pasteur à l’EEL de Marseille

Les fondements de « Vitalité » sont les suivants : suivre Jésus et accomplir la mission confiée par Jésus à l’Église. C’est tout l’aspect du mouvement dynamique de la foi personnelle et communautaire convoqué ici. Mais on pourrait objecter : rien de nouveau sous le soleil !

Certes, et fort heureusement ces principes sont partagés par beaucoup d’Églises de différentes dénominations. Pourtant, ceux-ci sont parfois oubliés ou laissés de côté parce qu’un peu « redoutés ». Je pense notamment à la dimension « évangélisation » de la mission ! Il semble que nos Églises, en général, aient choisi de concentrer leurs actions davantage sur l’aspect « transmission générationnelle » de la foi en oubliant l’aspect plus délicat du témoignage public de notre foi. La transmission de la foi n’est pas une mauvaise chose, bien au contraire puisque c’est biblique (voir le Deutéronome). Mais Il s’agit ici de (re)trouver notre dimension de témoins du Christ dans le monde. D’ailleurs, c’est le souhait de la plupart des Églises catholiques et protestantes.

L’année dernière je me baladais à Lourdes et je découvrais de grandes banderoles dans cette ville avec ce slogan : « 014 l’année de la mission », que dire des affiches sur les murs des Églises catholiques de Marseille à Pâques, « Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité », que dire du document de l’Église Protestante Unie « Écoute, Dieu nous parle », mine de réflexions utiles afin de rendre l’Église et sa prédication de l’Évangile accessibles pour tous. Tout cela est révélateur d’un mouvement général touchant les communautés : être des Églises vivantes et (re)devenir témoins du Christ dans les quartiers, dans la cité. Or tous ces points appellent à des mouvements ou des changements importants.

C’est ici que Vitalité intervient. Vitalité est un outil conçu pour aider les croyants à entrer dans cet élan d’ouverture et de vie, afin que l’Église reste ce corps vivant constitué de « pierres vivantes » fondées sur LA Pierre Vivante qu’est le Christ. Ce processus interroge la manière d’être de l’Église locale dans sa globalité : son fonctionnement structurel interne, sa culture locale, ses traditions ou habitudes, son histoire particulière, de même que la place de la Parole dans le culte et dans les foyers, la vie dans et après le culte, les relations aux autres dans le quartier, sa connaissance du tissu associatif de la ville et son rapport au monde.

Comment se présente concrètement ce parcours Vitalité pour une Église locale comme la nôtre ?

Avec Vitalité il est proposé 4 types d’Églises comme possibles reflets de notre Église locale. Ils sont nommés ainsi : premier type « saine et missionnaire », second « stable », troisième « en crise » et quatrième « en danger ». Les frontières entre les différents types sont perméables, mais 10 points sont proposés comme critères d’évaluation de notre situation ecclésiale (voir les dépliants disponibles à l’Église). Ces 10 indices sont les traits marquants de l’Église saine et missionnaire. Se positionner par rapport à ces critères permet de discerner dans quel type d’Église se trouve notre communauté locale. Certes on peut trouver ce procédé un peu artificiel, mais il permet d’évaluer réellement notre situation.

Suite au « résultat » le parcours Vitalité est alors proposé. Ce parcours est ponctué d’ateliers, d’équipes de travail, d’élaboration d’une charte relationnelle, de questionnaires ouverts à tous, de diagnostics, de cultes de consécration, jusqu’à l’établissement d’un projet d’Église, signature d’une Église saine et missionnaire.

Dit de cette manière, ça a l’air extrêmement directif. Est-ce que ça laisse la place aux « particularités » de l’Église locale ?

La force de Vitalité c’est de laisser à l’Église locale (aidée par la Commission d’Évangélisation) la responsabilité de trouver les solutions propres à sa situation. De fait une créativité est possible, et même nécessaire ! Il faut également des discussions entre membres pour échanger et resserrer les liens entre eux, car les idées ne seront jamais imposées par un regard extérieur mais elles surgiront de l’intérieur !

Ce parcours semble reprendre certains fonctionnements du monde de l’entreprise, ce qui, il faut le reconnaître, n’est pas forcément la tradition ecclésiale française.

Ce processus venant des USA, on pourrait se demander : est-il trop « américain », voire trop inspiré par le monde de l’entreprise (charte relationnelle, bilan) voire trop… « évangélique » ? La question est légitime, mais faudrait-il tout rejeter même si ces traits apparaissaient ? Je crois qu’il demeure pour moi une donnée fondamentale : l’Église, corps vivant, est appelée sans cesse à se réformer par l’écoute de la Parole ! Comment réaliser ce mouvement ? Nous proposons Vitalité ! Même s’il demeure un procédé parmi tant d’autres, il a l’avantage de permettre à tous les membres dès l’âge de 12 ans d’être sollicités, concernés et engagés.

De plus c’est un projet d’Union, c’est-à-dire une aventure à vivre ensemble au niveau national ! Cette aventure sera non seulement ferment de liens plus développés entre les Églises, mais aussi source d’échanges d’idées, d’aides et prières mutuelles, de groupes régionaux plus soudés… Ainsi avec Vitalité, nous avons la possibilité d’écrire en commun l’histoire de notre Union du 21e siècle.

Quels sont ton implication et ton ressenti personnels dans ton travail au sein de la Commission Évangélisation ?

La vocation de la CE est d’être au service de l’UEEL. Pour ma part, fréquenter cette commission c’est s’ouvrir à la réalité d’autres Églises que celle dont je suis le pasteur. Les membres de la CE sont très différents les uns des autres quant au caractère, mais aussi aux compétences. De fait, une complémentarité est réelle dans notre équipe.

Comme chaque membre de cette commission, je suis chargé d’accompagner les Églises dans leur parcours Vitalité, notamment celles de la région PACCA. L’Église d’Aix-en-Provence est déjà bien engagée dans Vitalité. Qu’en sera-t-il pour Cannes ? A vous de voir ! C’est en tout cas avec grand plaisir que je suis venu partager une présentation de Vitalité ce 27 septembre dans cette si belle Église !